La question de la rémunération des dirigeants d'entreprise est complexe, car elle varie en fonction du statut juridique du dirigeant. En tant que dirigeant, qu'il soit assimilé salarié, travailleur non salarié (TNS), ou dirigeant salarié, il est essentiel de comprendre les possibilités et les limitations concernant l'octroi d'une avance ou d'un acompte sur salaire. Cet article explore ces différents cas de figure et fournit des informations pratiques pour chaque statut.
![Est-ce qu'un dirigeant peut s'octroyer une avance ou un acompte sur salaire ?](https://static.wixstatic.com/media/11062b_83883de826fb49ddb7c42aa2ad1e2aae~mv2.jpg/v1/fill/w_980,h_653,al_c,q_85,usm_0.66_1.00_0.01,enc_auto/11062b_83883de826fb49ddb7c42aa2ad1e2aae~mv2.jpg)
Les différents statuts des dirigeants d'entreprise
1. Dirigeant assimilé salarié
Un assimilé salarié est un dirigeant d'entreprise affilié au régime général de la Sécurité sociale, comme un salarié, mais qui ne bénéficie pas de l'intégralité des droits d'un salarié classique, notamment en ce qui concerne les allocations chômage. Ce statut concerne principalement :
Les présidents de SAS (Société par Actions Simplifiée) et de SASU (Société par Actions Simplifiée Unipersonnelle).
Les directeurs généraux de SA (Société Anonyme).
Les gérants minoritaires ou égalitaires de SARL (Société à Responsabilité Limitée).
2. Dirigeant travailleur non salarié (TNS)
Les travailleurs non salariés (TNS) sont des dirigeants qui ne relèvent pas du régime général de la Sécurité sociale, mais du régime des indépendants. Ce statut s'applique aux :
Gérants majoritaires de SARL.
Entrepreneurs individuels.
Associés de sociétés de personnes.
3. Dirigeant salarié
Un dirigeant salarié est un dirigeant qui cumule un contrat de travail avec ses fonctions de dirigeant. Cela peut être le cas dans certaines entreprises où le dirigeant a une fonction opérationnelle distincte (comme un directeur commercial ou financier) en plus de son rôle de dirigeant. Ce statut est plus rare et doit répondre à des conditions spécifiques pour éviter la requalification en simple salarié.
Peut-on s'octroyer une avance ou un acompte sur salaire selon le statut ?
1. Dirigeant assimilé salarié
Avance sur salaire :
Pour un assimilé salarié, l'octroi d'une avance sur salaire est très limité. Les raisons principales sont :
Absence de lien de subordination : L'assimilé salarié est son propre employeur, ce qui complique l'octroi d'une avance sur salaire, qui est un paiement anticipé pour un travail non encore effectué.
Risque de requalification : Une avance sur salaire pourrait être requalifiée en distribution de dividendes ou en avance sur compte courant d'associé, entraînant des conséquences fiscales négatives.
Acompte sur salaire :
Un assimilé salarié peut demander un acompte sur salaire, qui correspond au paiement anticipé pour du travail déjà accompli. Cette pratique est plus sécurisée car elle est justifiée par le travail réalisé.
Exemple : Un président de SAS ayant travaillé la moitié du mois peut demander un acompte correspondant à 50 % de son salaire mensuel.
2. Dirigeant TNS (Travailleur Non Salarié)
Avance sur rémunération :
Les TNS ne perçoivent pas de salaire au sens strict, mais une rémunération issue des bénéfices de l'entreprise. Ils ne peuvent donc pas s'octroyer une avance sur salaire. Cependant, ils peuvent ajuster leurs prélèvements sur les bénéfices ou les revenus de leur activité en fonction de la trésorerie de l'entreprise.
Acompte sur rémunération :
Étant donné que la rémunération des TNS dépend des résultats de l'entreprise et non d'un salaire fixe, il est techniquement possible de se verser des acomptes sur les bénéfices futurs, à condition de bien gérer la trésorerie et de respecter les obligations fiscales.
Attention : Les prélèvements doivent être en accord avec les statuts de l'entreprise et les décisions des associés, le cas échéant.
3. Dirigeant salarié
Avance sur salaire :
Un dirigeant qui cumule un contrat de travail avec ses fonctions de dirigeant peut, comme tout salarié, demander une avance sur salaire, à condition que cela soit prévu dans les règles de l'entreprise.
Exemple : Un directeur général salarié peut recevoir une avance sur son salaire mensuel si cette possibilité est offerte à tous les salariés.
Acompte sur salaire :
Le dirigeant salarié peut également demander un acompte sur salaire pour du travail déjà effectué, comme tout autre salarié.
Exemple : Un dirigeant salarié ayant travaillé la moitié du mois peut demander un acompte correspondant à 50 % de son salaire mensuel.
Précautions et obligations à respecter
Documentation et transparence
Quelle que soit la situation du dirigeant, toute opération d'avance ou d'acompte sur salaire doit être bien documentée et justifiée. Cela inclut la rédaction d'accords écrits stipulant les montants, les conditions de remboursement, et les échéances pour les avances, ou la justification du travail effectué pour les acomptes.
Conformité fiscale et sociale
Il est essentiel que les avances et acomptes sur salaire soient traités correctement sur le plan fiscal et social. Les cotisations et les impôts doivent être calculés et versés en fonction des sommes perçues.
Consultation des associés ou actionnaires
Pour les entreprises avec plusieurs associés ou actionnaires, il est important de consulter ces derniers avant de s'octroyer une avance ou un acompte, surtout si cela a un impact significatif sur la trésorerie de l'entreprise.
Conclusion
La possibilité pour un dirigeant de société de s'octroyer une avance ou un acompte sur salaire dépend fortement de son statut juridique. Les dirigeants assimilés salariés et salariés peuvent demander des acomptes sur salaire, mais les avances sont plus complexes et risquées, surtout pour les assimilés salariés. Les TNS, quant à eux, doivent gérer leur rémunération avec soin, en tenant compte des bénéfices de l'entreprise et des décisions des associés. Dans tous les cas, la transparence, la documentation et le respect des règles fiscales et sociales sont essentiels pour éviter tout problème juridique ou financier. Il est vivement recommandé de consulter un expert-comptable ou un conseiller juridique pour s'assurer de la conformité des pratiques en matière de rémunération.
Le cabinet MOKA COMPTA se tient à votre disposition pour vous accompagner sur vos problématiques comptables juridiques ou fiscales.